Front commun sur les conditions de travail à l’hôpital

par Clotilde de Gastines / 15 novembre 2016

Rassemblés en un mouvement unitaire, les personnels soignants hospitaliers ont manifesté par dizaines de milliers, le 8 novembre, pour dénoncer le caractère délétère de leurs conditions de travail, source de souffrance.

« Soigne et tais-toi ! » Infirmiers et personnels soignants ont fait grève sous ce mot d'ordre mardi 8 novembre pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail. Un mouvement unitaire, inédit depuis 1988, qui a rassemblé des dizaines de milliers de professionnels de l'hôpital public et privé dans toute la France.

La mobilisation a pris de l'ampleur depuis une première grève le 14 septembre. Les fédérations FO, CGT, Sud et CFTC de la fonction publique hospitalière, mais aussi – fait rare – une vingtaine d'organisations d’infirmières salariées, libérales ou étudiantes, tirent la sonnette d'alarme. Car cet été, cinq infirmiers et infirmières se sont donné la mort, à Toulouse, au Havre, à Saint-Calais, près du Mans, et à Reims. Un seul de ces suicides a été reconnu comme accident du travail, les autres font l'objet d'enquêtes.

Manque de personnel

Les manifestants dénoncent une grande souffrance au travail, causée par le manque de personnel (en partie à cause des non-remplacements lors de congés ou d'arrêts maladie), la surcharge de travail, les rappels sur les jours de repos, les horaires à rallonge et parfois même la violence de la part des patients.

Mary, infirmière à Maubeuge (Nord), témoigne ainsi dans La Voix du Nord : « Quand il n’y a pas de lève-patient, on doit porter le patient nous-mêmes. Ce qui occasionne des blessures et potentiellement des arrêts maladie, qui ne sont pas remplacés… c’est le serpent qui se mord la queue. » « C'est toutes les semaines qu'on se fait également agresser physiquement ! J'ai eu plusieurs accidents de travail à cause de cela, mais aucun arrêt car il faut travailler ! », ajoute Aurélien à Paris, sur France Info.

La prochaine mobilisation nationale pour la défense du service public est prévue le 29 novembre prochain. 

 

 

CAMPAGNE DE LA CGT POUR LA SÉCURITÉ DES INTÉRIMAIRES

Une campagne choc de l’Union syndicale de l’intérim CGT (USI-CGT) réclame la mise en place d'actions de prévention en matière de santé et de sécurité au travail pour les deux millions d'intérimaires. Un homme écrasé face contre terre, photo sous-titrée « Ascenseur pour l’échafaud » ; une veuve et deux enfants se recueillant sur une tombe : ces visuels incarnent une glaçante réalité. Entre 2012 et 2014, 201 intérimaires sont morts, 122 832 autres ont été blessés. Les deux millions d’intérimaires ont deux fois plus de risques d'avoir un accident du travail par rapport à une personne en CDI, sans compter le phénomène de sous-déclaration. Et le taux de gravité est aussi deux fois plus élevé. Quant aux maladies professionnelles, il est très difficile d'avoir une trace des expositions.

Créer des CHSCT

L’USI-CGT réclame un nouvel accord de branche, le dernier datant de 2002. Il inclurait de la formation, la fourniture de protections individuelles gratuites, des visites de poste préalables au placement d'un salarié intérim et la création de CHSCT. Une instance qui n'existe toujours pas chez Adecco, un des leaders du secteur, explique un article de L’Humanité daté du 9 novembre, qui rassemble de nombreux témoignages. Chez Start People, Frédéric Willemain, élu au CHSCT, évoque une fréquence élevée d'accidents mortels ou graves : un tous les dix jours. Tandis que, selon la CGT, le site de Renault-Cléon place des intérimaires sur les postes les plus durs pour faire baisser les taux de TMS affichés dans son bilan social.

 

 

UN CANCER DE LA THYROÏDE RECONNU EN MALADIE PROFESSIONNELLE

C'est une première en France. Une décision de justice établit le lien entre un cancer de la thyroïde et l'exposition à des rayonnements ionisants. Un ancien agent des lignes de France Télécom Orange a obtenu que son cancer soit reconnu en maladie professionnelle par le tribunal administratif de Clermont-Ferrand. Il avait manipulé tout au long de sa carrière des parafoudres à radioéléments.

Pour les lignards, c'est donc le troisième cancer reconnu (après deux cas de cancers, l’un de la lèvre, l’autre du sein) dans le cadre de ces expositions, qu'un rapport du cabinet d’expertise Secafi avait, en 2015, jugées « significatives ».

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